Les sorcières au cinéma

Pour ouvrir cette deuxième saison du club cinéma, à quelques jours de la fête d'Halloween, nous nous sommes intéressés aux sorcières. Ces personnages, présents en tout temps et dans toutes les cultures, sont récurrents dans le 7ème art.

Un extrait du premier long métrage des studios Walt Disney, Blanche Neige et les sept nains (1937) nous a permi d'évoquer les transpositions de sorcières de contes dans les longs métrages. La sorcière de Blanche Neige représente dans l'inconscient collectif le cliché de la sorcière : une vieille femme laide, avec un nez crochu et des verrues, vêtue de noir. Il ne manque plus que le balai.

De nombreuses sorcières peuplent les films d'animation, notamment chez Disney : La belle au bois dormant (1959), Merlin l'enchanteur (1963) ou encore Raiponce (2010) et Rebelle (2012) pour les plus récents.

Si bon nombre de sorcières sont issues des contes classiques d'Andersen ou des frères Grimm, certains personnages marquants sont issus de contes plus récents. C'est le cas de la méchante sorcière de l'Ouest dans Le magicien d'Oz de Victor Fleming (1939), d'après le roman pour enfants de Lyman Frank Baum, écrit en 1900.

Pour terminer sur les sorcières de contes, nous avons fait un petit quizz dans lequel les élèves ont du retrouver à quels films correspondaient les images de sorcières projetées (Le Monde de Narnia, Stardust, Hocus Pocus...).

Nous avons ensuite continué la séance en traitant les sorcières sur un plan plus historique. Dès l'Antiquité, les sorcières sont présentes dans les sources comme étant des personnes permettant d'entrer en contact avec les morts, ou que l'on consulte pour obtenir des informations et des prédictions (sort d'une bataille...). Dans Le choc des titans de Desmond Davis (1981), le héros Persée part consulter trois sorcières, aussi aveugles que cannibales, pour savoir comment détruire le Kraken.

Le Moyen Age est resté tristement célèbre pour ses chasses aux sorcières. Dans les sociétés rurales d'Europe de l'Ouest, les aléas climatiques et les accidents de la vie sont souvent attribués à des forces surnaturelles. Quoi de plus simple pour expliquer les tempêtes de grêle, les morts de bétail ou pire encore celles de membres des familles paysannes, de les attribuer à des personnes dont on se méfie ou vivant en marge de la communauté?

Ce sont principalement des femmes qui servaient de boucs émissaires aux populations (environ 75% des personnes jugées pour actes présumés de sorcellerie sont des femmes). Quand elles ne sont pas massacrées par la foule en colère, certaines ont droit à un semblant de procès. L'extrait de Monty Python : Sacré Graal! (1974) que nous avons visionné recèle un fond de vérité, car les méthodes utilisées pour démasquer les sorcières étaient parfois assez surprenantes. Ainsi, au Moyen Age, on pouvait lire que pour vérifier qu'une femme est bien une sorcière, il faut la jeter dans un cours d'eau, pieds et poings liés ensemble. Si elle coule, c'est qu'elle est innocente et on recommande son âme à Dieu. Si elle flotte : c'est une sorcière!

Pour aborder les thèmes de l'Inquisition et du sabbat des sorcières, nous avons visionné un extrait du méconnu Häxan, la sorcellerie à travers les âges de Benjamin Christensen (1922).

Dans cet extrait, une vieille femme est interrogée par des moines de l'Inquisition. A partir du XIVème siècle, l'Eglise catholique se lance dans la persécution des sorcières et mandate des moines, essentiellement des dominicains et des franciscains, pour éradiquer la sorcellerie, qu'ils considèrent comme une hérésie. Les jugements de sorcières par les tribunaux de l'Inquisition se déroulent toujours de la même manière : une personne est d'abord dénoncée, elle est alors arrêtée, torturée et interrogée. Sous la pression, beaucoup confessent tout et n'importe quoi, à l'image de la femme de l'extrait qui assure, après s'être enduite d'onguent magique, avoir chevauché son balai jusqu'à une clairière où aurait eu lieu un sabbat. Le sabbat est une messe noire au cours de laquelle des sorcières se retrouveraient pour danser, blasphémer (des croix sont piétinées...) et nouer alliance avec le diable.

Des dizaines de milliers de femmes ont été victimes de la répression de la sorcellerie.