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  • : Le club cinéma du collège Bergpfad
  • : Ce blog regroupe les travaux et réflexions des élèves participant au club cinéma du collège Bergpfad d'Ham-sous-Varsberg (57880), ainsi que la présentation des thèmes des séances du lundi, animées par M. Lesouef. N.B. : Depuis fin 2017, le club a été repris par mon estimé collègue M. Subi.
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14 février 2013 4 14 /02 /février /2013 22:40

Nous avons poursuivi ce jeudi notre thématique "Régimes totalitaires et cinéma" en nous penchant cette fois sur les représentations d'Hitler au cinéma.  

Pour démarrer, nous avons regardé un extrait du film Le grand restaurant de Jacques Besnard (1966). Ce choix d'extrait, qui peut paraître insolite au vu du thème, avait pour but de montrer que l'image d'Hitler a été exploitée de bien des façons différentes, mais aussi que ce personnage historique, sans même mentionner son nom, est immédiatement reconnaissable.

Max (2001)006max 2001 portrait w858 
Après un rappel des films de propagande dans lesquels il est mis en scène par Léni Riefenstahl (Voir séance précédente : Cinéma et propagande), nous nous sommes penchés sur quelques exemples de biopics (films biographiques) de moments de sa vie. Max de Menno Meyjes (2001) traite de la période où Hitler, de retour du front, hésite entre une carrière artistique et politique. Il fréquente Max Rothman, gérant d'une galerie d'art dans laquelle il espère exposer ses oeuvres. Le film dépeint une Munich sonnée par le traité de Versailles et présente Hitler comme un artiste torturé, peu productif et susceptible, à l'antisémitisme de plus en plus virulent.
  
La chute (2004)024chute-2004-05-g 
Le film La chute, d'Oliver Hirschbiegel (2004), aborde les derniers jours d'Hitler dans son bunker de Berlin, alors que les Russes progressent sur la ville. La réussite du film doit beaucoup à l'interprétation de Bruno Ganz, grand acteur allemand livrant une prestation mémorable dans le rôle d'un Hitler usé physiquement et psychologiquement, rongé par ses chimères et donnant des ordres à des troupes décimées, incapables de stopper l'avancée russe.
Le film suscita pourtant une polémique au moment de sa sortie, ses détracteurs jugeant que le réalisateur avait rendu Hitler trop sympathique, trop humain. Ce procès d'intention s'avère injuste car bien que certaines scènes présente le dictateur sous un jour agréable, comme lorsqu'il fait preuve de gentillesse avec les secrétaires qu'il recrute au début du film, de nombreuses autres scènes montrent aussi les dérives idéologiques d'un Hitler en fin de course, continuant à déverser des propos haineux. Il se vante d'avoir été le seul "à traiter le problème juif à visage découvert" et manifeste à plusieurs reprises son manque total de compassion pour le peuple allemand subissant de plein fouet la reconquête des Alliés, affirmant "qu'ils n'ont que ce qu'ils méritent".
  
Chasse à l'homme (1941)Indiana Jones et la dernière croisade (1989)Inglorious basterds (2009)
Le personnage d'Hitler est également apparu à plusieurs reprises au cinéma dans des rôles secondaires, sa présence servant à donner une épaisseur historique à des oeuvres de fiction. Dans Chasse à l'homme de Fritz Lang (1941), le metteur en scène de génie, qui avait d'ailleurs fui l'Allemagne nazie, réalise un film d'espionnage s'ouvrant sur une tentative ratée d'assassinat sur Hitler. La fin du film est d'une certaine manière prophétique, puisqu'on y voit le héros sauter en parachute avec d'autres soldats pour libérer l'Europe occupée.
Dans Indiana Jones et la dernière croisade de Steven Spielberg (1989), le célèbre archéologue se rend à Berlin pour récupérer le journal de son père, contenant des indications cruciales pour trouver le Graal, coupe mythique donnant la vie éternelle que convoite Hitler (tout comme il souhaitait s'emparer de la nom moins mythique Arche d'alliance dans Les Aventuriers de l'arche perdue). Après avoir obtenu le journal, cerné par des citoyens allemands se livrant à un autodafé, il tombe nez à nez avec le dictateur en plein bain de foule.
Si les fictions faisant apparaître Hitler respectent globalement la trame historique des évènements, certaines s'en écartent allègrement, comme Quentin Tarantino qui n'hésite pas à faire mourir le Führer au cours d'un attentat dans un cinéma parisien, dans son génial Inglorious Basterds (2009).
  
042f8645904d16044dictateur-1940-17-g
Pour terminer la séance, nous avons visionné un extrait d'un chef d'oeuvre de l'histoire du cinéma : Le dictateur (1940). Dans ce film, Chaplin, qui est d'ailleurs né à quatre jours de différence d'Adolf Hitler, caricature le Führer avec un talent inégalé depuis (voir pour s'en convaincre, ou plutôt ne pas voir Le Führer en folie (1973) ou Mon Führer (2007), deux films très mauvais). Dans l'extrait ci-dessous, Chaplin, dans le rôle du dictateur Adenoid Hynkel, parodie la gestuelle théâtrale qu'Hitler adoptait dans ses discours pour galvaniser la foule. Il s'exprime dans un langage incompréhensible et agressif ressemblant à de l'allemand. On distingue des termes comme "Blitzkrieg" ou "mit den Juden" mais aussi des mots totalement incongrus comme "Wienerschnitzel", qui signifie "escalope viennoise". La croix gammée est ici remplacée par une double croix, symbole de trahison dans le langage militaire britannique. Les noms des proches collaborateurs d'Hitler sont aussi détournés : Goebbels devient "Garbitsch" (évoquant "garbage", c'est-à-dire "déchet" en anglais) et Göring est présenté comme un gros balourd maladroit répondant au doux nom d'Herring ("hareng").
Il s'agit d'une comédie, mais c'est aussi un film engagé. Ayant tourné son film avant que la Seconde Guerre mondiale n'éclate, Chaplin voulait, sous le verni du burlesque, mettre en garde ses concitoyens américains contre la menace représentée par les régimes totalitaires en Europe et dénoncer l'antisémitisme violent de l'Allemagne nazie. Le film fut bien évidemment interdit dans toute l'Allemagne (et dans l'Italie faciste de Mussolini), mais Hitler, grand amateur de cinéma américain (King Kong (1933) et Blanche-Neige et les sept nains (1937) comptaient parmi ses films préférés!), se le fit projeter en privé durant la guerre. Chaplin aurait donné cher pour connaître l'avis du véritable dictateur sur sa prestation.
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